La Vierge de l’Opéra assiste à ‘Les Noces de Figaro’

Imaginez ceci : c’est une froide soirée d’hiver à Joburg, je viens de naviguer dans des rues sombres et chargées le long des pentes vallonnées du West Rand et je me retrouve, convenablement vêtu, debout dans une file d’attente au Roodepoort Theatre, sur le point d’assister la soirée d’ouverture de Le mariage de Figaro.
Il ne m’était jamais venu à l’esprit d’entreprendre un exploit lyrique mais la confluence d’une appréciation toujours croissante pour les arts, augmentée par les effets des confinements de Covid-19, et me voilà un mercredi soir, billet en main. Un immense sourire sur mon visage, évident pour tous.
Puis, comme un moment dans le temps tout droit sorti du bon livre, c’est arrivé. Des lumières vives m’ont englouti, un petit rire de séraphin a doucement pris ma main et m’a conduit à travers l’interminable file d’attente et dans le théâtre. Des boissons pétillantes étaient offertes et les dames masquées souriaient abondamment. C’était une expérience surréaliste, du moins dans ma tête.
Et juste comme ça, The Opera Virgin est né.
Je savais que je voulais plus de ça. Ce sens de l’occasion et ce bon vieux faste et cérémonie. Pendant un moment, je me suis livré à des pensées fantaisistes sur l’Opéra de Vienne, peut-être une future participation à l’Opéra Royal de Londres ou prendre ma place au Théâtre Bolchoï à Moscou, s’ils arrêtaient simplement de se battre. Les gens étaient heureux et avaient enfilé leur plus belle couture pour la soirée sociale. La froide soirée d’hiver a nécessité un dépoussiérage des gants en cuir et des manteaux de fourrure (faux, j’espère, mais honnêtement, c’est le West Rand donc je ne suis pas vraiment sûr), telle était l’intensité de la soirée.
Une femme semblait revivre un état d’esprit Nirvana-esque provoqué par des flashbacks à son récent adieu matriciel, en raison de son choix particulier de robe, avec train. Elle a brillamment réuni le look complet à l’unisson parfait en enfilant sa doudoune K-Way. En noir, naturellement.
Certains des gars avaient l’air plutôt chics aussi. C’était tout un spectacle.
Les cultures se sont mélangées au fur et à mesure des frivolités. Quelques mêmes sexes se mêlaient aussi, assez scandaleusement, d’une manière qui aurait fait courir HF au confessionnal. Si seulement il était catholique. Âme non éclairée, il aurait dû entailler quelques parades de la fierté sur sa ceinture de boere pour trier ce nunu karmique.
Dans l’ensemble, il y avait une énergie certaine au théâtre Roodepoort ce mercredi soir, alors que Le mariage de Figaro ouvert, et la Vierge de l’Opéra est née.
Le Nozze di Figaro – la vérité
Le mariage de Figaro est l’opéra idéal pour les nouveaux fournisseurs de cette forme d’art. Comme moi. En un mot, Figaro est la suite de Le Barbier de Séville de Rossini, qui voit un jeune noble du nom d’Almaviva conquérir le cœur de son amante Rosina, aidé par les machinations de son compagnon Figaro. Avance rapide de trois ans et Almaviva est maintenant un comte, Rosina une comtesse et Figaro, le valet du comte. C’est là qu’on reprend les choses dans le Figaro.
Au lever du rideau, on nous présente Figaro et sa fiancée Susanna (femme de chambre de la comtesse) le jour de leur mariage. Le comte a gracieusement donné une chambre à l’heureux couple mais Susanna déplore qu’elle soit dangereusement proche du comte, qui a des intentions moins que nobles à son égard. Le comte envisage de rétablir le droit féodal qui a donné le feu vert à un seigneur pour avoir son chemin avec une servante lors de sa nuit de noces. Mauvaise nouvelle pour Susanna en 1786, truc mouvementé en 2022.
Figaro est à juste titre furieux et élabore un plan astucieux pour déjouer son ami douteux le comte. Il demande l’aide de son amour Susanna, la comtesse, qui à ce stade est pratiquement abandonnée par le comte, et d’un jeune page délicieusement nommé Cherubino. Des identités erronées, une myriade de déguisements et une bonne dose de cachettes occupent les personnages et leurs talents d’opéra exquis, qui sont tous exacerbés par l’adoration du jeune Cherubino pour toutes les femmes, en particulier la comtesse.
Avec la gamme vocale à couper le souffle des sopranos, des mezzo-sopranos, des ténors et des barytons exposés dans une performance saisissante de la distribution de Figaro, une grande confusion s’ensuit tout au long de la performance, les choses venant à un point critique dans le jardin dans l’acte final. Séduction, déguisements hâtifs et accusations pharisaïques succèdent à une vague de mendicité de la part du comte. La comtesse lui pardonne et l’opéra se termine avec les deux couples réconciliés.
Le casting et l’équipe créative
Le mariage de Figaro voit le Opéra du Cap collaborer avec Opéra Semper et le Théâtre Roodepoort donner vie au célèbre chef-d’œuvre de Mozart. Il est réalisé par Magdalene Minnaar, avec des décors et des costumes de Maritha Visagie et Rabia Davids. Le chef d’orchestre Schalk van der Merwe a fait un travail remarquable d’interprétation de la vision de Mozart. Il était tout à fait un plat aussi, comme l’a confirmé mon voisin en fourrure, sa frange flamboyante allant de pair avec de nombreuses arias plus complexes interprétées.
Figaro est joué par Conroy Scott, Susanna par Brittany Smith, le comte par William Berger et la comtesse par Siphamandla Moyake. Cherubino, sexuellement frustré, a été joué de manière experte par Megan Kahts et était mon préféré de la nuit.
Cela m’intrigue à quel point l’histoire que je vois se reflète dans la vie de tous les jours – les défis auxquels sont confrontés les jeunes amoureux, la corruption de la classe noble et la promiscuité totale. Je me demande si nous apprendrons jamais notre leçon?
L’Opera Virgin en veut plus et a des plans grandioses pour recueillir et partager avec vous les idées de chaque représentation d’opéra en Afrique du Sud. Bienvenue à L’Opéra Vierge. A quelle représentation allons-nous assister ensuite ?