Plus de temps à attendre — Problèmes mondiaux


NEW YORK, 23 mai (IPS) – Rien qu’en 2021, près de 24 000 violations graves des droits des enfants en temps de guerre ont été documentées par les Nations Unies – parmi lesquelles des meurtres et des mutilations, des violences sexuelles, l’utilisation et le recrutement, et des enlèvements. Des écoles et des hôpitaux ont été détruits et l’aide humanitaire a été refusée pour des motifs arbitraires, privant les enfants de services vitaux. Plus d’enfants vivent aujourd’hui dans des zones de conflit qu’au cours des deux dernières décennies.
Un outil essentiel créé pour lutter contre les violations contre les enfants en temps de guerre est le rapport annuel du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés, dans lequel il inclut les États et les groupes armés responsables de ces violations dans sa « liste de la honte ». les forces gouvernementales du Myanmar, les talibans en Afghanistan, les Ejército de Liberación Nacional (ELN) en Colombie, et Al-Shabaab en Somalie, pour n’en nommer que quelques-uns, sont actuellement inclus dans cette liste.
La liste aide à protéger les enfants et garantit la responsabilisation en identifiant les parties belligérantes et en obtenant des engagements pour prévenir les violations grâce à l’adoption de plans d’action des Nations Unies. Elle crée des changements tangibles et positifs pour les enfants touchés par la guerre. Il est important de noter que la liste est basée sur des données vérifiées collectées par un mécanisme de surveillance mondial.
Bien que le mécanisme d’inscription ait amélioré la protection des enfants dans divers conflits, les organisations de la société civile et les États membres de l’ONU ont exprimé des inquiétudes quant au processus de détermination des auteurs inclus par le Secrétaire général dans son rapport annuel.
Ils ont noté que toute politisation du processus de prise de décision pour lister les partis menace de saper sa crédibilité, affaiblissant la légitimité du mécanisme en tant qu’outil pour assurer la responsabilité, promouvoir la conformité et prévenir de futurs dommages aux enfants. Ces préoccupations sont dues à des incohérences entre les données sur les violations incluses dans la section narrative du rapport et les parties énumérées dans ses annexes.
Plus précisément, certaines parties responsables d’atteintes aux enfants ne sont pas incluses dans la liste, tandis que d’autres ne sont répertoriées que pour certaines des violations qu’elles ont commises. Certains ont même été retirés de la liste avant d’avoir pleinement respecté les garanties pour les enfants. Dans un rapport de 2021, un éminent groupe d’experts internationaux sur les droits de l’enfant identifié « des dizaines de cas où des violations multiples et flagrantes n’ont pas conduit à l’inscription ou où les décisions d’inscription reflétaient des incohérences inexpliquées. »
Watchlist on Children and Armed Conflict met l’accent sur l’importance des décisions d’inscription cohérentes et fondées sur des preuves. La protection des enfants contre les dommages causés par la guerre ne devrait jamais être soumise à des considérations politiques. Il est crucial de répondre aux préoccupations susmentionnées et de veiller à ce que le mécanisme d’inscription demeure un outil efficace de protection des enfants.
Le Secrétaire général de l’ONU doit publier une liste complète des auteurs qui reflète avec précision les données vérifiées sur les violations. Il est temps de maintenir les cadres de protection existants et de promouvoir la responsabilité pour les violations des droits de l’enfant, quels qu’en soient les auteurs.
Dr Ezequiel Heffes est directeur, Liste de surveillance sur les enfants et les conflits armés
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