Génération Z : un vent de révolte souffle du Népal au Pérou sur le Sud global

De Katmandou à Lima, une même vague de colère secoue le Sud global. La Génération Z, longtemps confinée aux écrans et perçue comme désengagée, s’impose désormais dans la rue comme une force politique montante. Du Népal à Madagascar, du Maroc au Pérou, ces jeunes connectés défient les pouvoirs en place, dénonçant la corruption, le chômage et l’injustice sociale. Leur mobilisation, sans chef ni parti, marque un tournant historique : l’éveil politique d’une génération mondiale.

Népal — la colère numérique devient révolution

En septembre 2025, la tentative du gouvernement népalais de restreindre les réseaux sociaux — Facebook, X et YouTube — déclenche une vague de colère sans précédent. Des foules, majoritairement composées de jeunes de la Génération Z, envahissent les rues de Katmandou. La police tire à balles réelles : au moins 17 morts et plus de 140 blessés, selon l’Associated Press.

Les jeunes accusent le pouvoir d’utiliser la moralisation du web comme prétexte pour étouffer toute critique. Pour eux, cette loi cache un échec politique, économique et moral. Malgré un couvre-feu imposé autour du Parlement, la mobilisation s’étend jusqu’à contraindre le Premier ministre à la démission, signe d’un régime à bout de souffle.

Madagascar — sous la pression des jeunes, le pouvoir s’effondre

À Antananarivo, le 25 septembre 2025, la crise sociale s’enflamme sous la bannière « Gen Z Madagascar », un mouvement rejoint par syndicats et associations. Les manifestants dénoncent la pauvreté structurelle, les pannes d’eau et d’électricité, la corruption et le chômage. Sous la pression de la rue, l’armée prend le pouvoir et écarte le président Andry Rajoelina. À l’issue du renversement, le colonel Michaël Randrianirina est investi le 17 octobre 2025 à la tête d’une transition incertaine.

Dans une interview accordée à Index, Milatsara Tonie Sedrique, 23 ans, étudiante en économétrie et en statistique et l’une des figures du mouvement, a exprimé ses inquiétudes après la prise de pouvoir par l’armée, malgré la promesse d’élections dans deux ans : « Nous restons vigilants. Nous savons que tout mouvement peut être détourné si la discipline et l’unité se perdent. Notre objectif n’est pas le chaos, mais une transformation pacifique et démocratique du pays, menée par le peuple et pour le peuple. »

Le mouvement réclame une transition civique fondée sur la justice et la transparence, craignant que sa révolution ne soit confisquée par les élites militaires.

Maroc — la jeunesse numérique contre l’injustice sociale

Né sur Discord, le mouvement « GenZ 212 » émerge le 27 septembre 2025, orchestrant des manifestations simultanées dans plusieurs villes marocaines pour dénoncer la pauvreté, la corruption et les inégalités. Selon l’Associated Press, la colère monte face à un chômage des jeunes de 36 % et à la priorité donnée à la Coupe du monde 2030 au détriment des hôpitaux et des écoles.

Les jeunes exigent la démission du gouvernement et la libération des manifestants arrêtés. Malgré quelques promesses de réformes, la réponse de l’État reste répressive. Le mouvement, ancré dans la jeunesse urbaine et connectée, place désormais la justice sociale au cœur du débat national.

Pérou — les jeunes affrontent la transition politique

À Lima, le 15 octobre 2025, des milliers de jeunes Péruviens défient les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc pour réclamer la chute du président intérimaire José Jeri, installé après la destitution de Dina Boluarte. Selon CNN Brasil, citant Reuters, ce soulèvement symbolise la rupture d’une génération qui ne veut plus du statu quo.

Les jeunes réclament une nouvelle assemblée constituante et une réforme profonde du système politique. Malgré la répression, ils affirment vouloir transformer la crise en un nouveau départ démocratique, fondé sur la justice et la participation populaire.

Ce que ces mobilisations ont en commun

a. Génération connectée – Discord, TikTok, WhatsApp : la rue numérique précède désormais la rue réelle.
b. Agenda social – Emploi, santé, éducation : des revendications ancrées dans la survie quotidienne.
c. Leadership diffus – Sans chefs, horizontale et imprévisible, la Génération Z renverse les schémas politiques classiques.
d. Répression brutale – Tirs, arrestations, couvre-feux : la peur ne fait plus reculer la jeunesse.
e. Éveil global – De Katmandou à Lima, l’appel est le même : justice, dignité, avenir.

Alerte globale — Le souffle de la jeunesse monte du Sud

Des montagnes du Népal aux plateaux malgaches, des ruelles marocaines aux avenues andines, un même cri résonne : celui d’une génération qui refuse la résignation. La Génération Z, souvent qualifiée de « numérique et apolitique », s’impose aujourd’hui comme une force politique mondiale.

Les gouvernements d’Afrique, d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Asie devraient entendre cette alarme : l’injustice, la corruption et le chômage ne sont plus tolérables pour des millions de jeunes connectés, éduqués et conscients de leurs droits.

Si les dirigeants persistent à ignorer ces appels à la dignité, la prochaine vague pourrait bien emporter tout un ordre politique. La jeunesse mondiale est debout — et cette fois, elle ne se contentera pas de hashtags.

À lire aussi :

Franklin Nyamsi décrypte les tensions idéologiques entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Retour en haut