À Madagascar, le colonel Michaël Randrianirina a prêté serment le 17 octobre 2025 comme président par intérim, après la fuite du chef de l’État Andry Rajoelina. Cet officier de carrière, inconnu du grand public il y a encore quelques années, s’impose désormais au cœur d’une crise politique qui redéfinit l’avenir du pays.
Un militaire devenu chef d’État
Ancien gouverneur de la région d’Androy et commandant du CAPSAT (Corps d’Armée des Personnels et des Services Administratifs et Techniques), Michaël Randrianirina est issu de la nouvelle génération d’officiers malgaches formés sous la IVᵉ République. Son parcours administratif et militaire lui a permis d’acquérir une réputation de rigueur et de loyauté.
Mais l’homme a aussi connu la prison : en 2023, il fut arrêté pour « instigation de mutinerie » après avoir critiqué la gestion du président Rajoelina. Sa libération en 2024, suivie de sa réintégration dans les rangs du CAPSAT, marque le début de son retour en force dans la sphère militaire et politique.
Une prise de pouvoir dans un contexte explosif
Le 14 octobre 2025, des milliers de jeunes manifestants issus du mouvement « Gen Z » descendent dans les rues d’Antananarivo pour dénoncer la corruption, les coupures d’électricité et la cherté de la vie. Devant l’ampleur de la contestation, l’armée retire son soutien au président Rajoelina, qui quitte discrètement le territoire.
Le lendemain, la Haute Cour Constitutionnelle constate la vacance du pouvoir et charge le colonel Randrianirina d’assurer l’intérim. Deux jours plus tard, il est officiellement investi lors d’une cérémonie sobre mais symbolique.
D’après Associated Press, le colonel Randrianirina a été assermenté devant des représentants de l’armée et du clergé, promettant de rétablir l’ordre et de préparer des élections libres ».
Cette transition a été qualifiée de « coup d’État militaire » par l’Union africaine et l’ONU, qui exigent un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Cependant, de nombreux Malgaches y voient une opportunité de refonder un système politique bloqué depuis des années.
Entre incertitude et espoir de la Génération Z
L’investiture du colonel Randrianirina ouvre une nouvelle page de l’histoire malgache : celle d’un pays à la croisée des chemins. Si certains redoutent un retour de l’autoritarisme, d’autres espèrent qu’un officier venu du rangs saura redonner une direction plus morale et plus juste à l’État.
La jeunesse, moteur des protestations d’octobre, reste vigilante et déterminée à faire entendre sa voix. Entre désillusion et espérance, elle porte désormais les attentes d’une nation en quête de renouveau politique et éthique.


