Lors des UACO, le professeur Franklin Nyamsi a analysé sur la RTB les tensions entre Ouagadougou et Abidjan. Selon lui, ces divergences ne sont pas seulement diplomatiques, mais aussi idéologiques, opposant deux visions du continent africain : le panafricanisme révolutionnaire et le néocolonialisme évolutionnaire.
La 14ᵉ édition des UACO 2025 : un cadre de réflexion sur la souveraineté africaine
La 14ᵉ édition des Universités Africaines de la Communication de Ouagadougou (UACO) a été officiellement lancée le mercredi 1ᵉʳ octobre 2025, sous le thème : « Influence du contexte géopolitique sur la communication et le développement en Afrique ». Organisée du 1ᵉʳ au 3 octobre 2025, la rencontre a placé la communication au cœur des enjeux de souveraineté et de développement durable.
À l’occasion de sa visite au Burkina Faso, le professeur Franklin Nyamsi, invité de la RTB, a livré une lecture politique et idéologique des relations tendues entre Ouagadougou et Abidjan. Pour lui, cette opposition dépasse le cadre diplomatique pour s’enraciner dans deux visions opposées du continent africain.
De la tension diplomatique à la rupture idéologique
Selon le professeur Franklin Nyamsi, les divergences entre le président burkinabè Ibrahim Traoré et le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara ne relèvent pas d’un simple désaccord politique, mais d’un choc de valeurs. D’un côté, Ouattara incarnerait, selon lui, « le serviteur du néocolonialisme français » et la défense d’un modèle économique hérité de l’ère coloniale ; de l’autre, Traoré représenterait la continuité de l’héritage révolutionnaire de Thomas Sankara, axé sur la souveraineté et la justice sociale.
Pour Nyamsi, cette opposition illustre une fracture plus profonde entre le panafricanisme révolutionnaire et le néocolonialisme évolutionnaire, deux courants qui traversent aujourd’hui l’ensemble du continent. Il cite les exemples du Mali, du Niger et du Burkina Faso, où les transitions militaires ont entrepris de refonder la gouvernance sur la souveraineté populaire et le contrôle national des ressources.
Les fondements du projet burkinabè selon Niamsi
Dans son analyse, Franklin Nyamsi met l’accent sur la transformation interne du Burkina Faso :
- Réforme des structures socio-économiques pour une meilleure redistribution des richesses ;
- Fin de la mainmise étrangère sur les ressources stratégiques ;
- Valorisation des traditions, des langues et des civilisations africaines.
Selon lui, ces changements traduisent une volonté de rompre avec la dépendance économique et culturelle imposée depuis la colonisation.
Il rappelle qu’en 2023, le Burkina Faso a, pour la première fois, constitué ses propres réserves d’or, symbole d’une gestion nationale des richesses.
Ces actions visent à renforcer la conscience panafricaine et à former une nouvelle génération attachée à l’indépendance politique, économique et spirituelle du continent.
L’analyse du professeur Franklin Nyamsi éclaire les tensions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sous un angle idéologique. Au-delà des rivalités politiques, elle révèle deux visions du devenir africain : entre le modèle néocolonial défendu par certaines élites et la révolution souverainiste incarnée par les régimes du Sahel, se joue une bataille de paradigmes qui dépasse largement les frontières nationales.
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