Dans une vidéo publiée le 17 décembre 2025, l’intellectuel panafricaniste Franklin Nyamsi explique pourquoi, selon lui, les excuses présentées par le Nigeria après l’incident aérien du 8 décembre 2025 ne sont pas crédibles. Cette prise de parole intervient alors que la Confédération des États du Sahel (AES) affirme vouloir défendre strictement sa souveraineté aérienne.
Des excuses jugées non sincères
Dans son intervention diffusée sur Facebook et YouTube, Franklin Nyamsi précise d’emblée ne pas parler au nom des autorités, mais livrer une analyse politique et géostratégique.
« Je ne me situe pas au niveau de la décision. Je me situe au niveau de l’analyse politique, géopolitique et géostratégique », affirme-t-il.
Selon lui, les excuses présentées par le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Maitama Tuggar, ne remettent pas en cause la posture du Nigeria vis-à-vis de l’AES.
« Les excuses présentées par le Nigeria ne sont pas sincères et ne remettent pas en cause une posture agressive néocolonialiste », déclare-t-il.
Le philosophe estime que l’attitude d’Abuja s’inscrit dans une continuité politique défavorable aux pays sahéliens engagés dans une dynamique de souveraineté renforcée.
Un épisode jugé préoccupant par l’AES
L’incident du 8 décembre 2025, au cours duquel un aéronef militaire nigérian a été contraint d’atterrir au Burkina Faso, constitue, selon Franklin Nyamsi, un élément central de son raisonnement.
Il conteste la version officielle nigériane évoquant une détresse technique.
« L’avion nigérian n’a pas atterri par hasard. Il a été contraint par la défense aérienne confédérale », affirme-t-il.
D’après lui, cet épisode illustre une évolution des capacités de surveillance et de dissuasion de l’AES, notamment dans le domaine aérien.
De son côté, la Confédération des États du Sahel a estimé que cet événement constituait un manquement grave au respect de sa souveraineté aérienne, annonçant que toute violation future sans autorisation serait désormais traitée avec fermeté.
Une lecture géopolitique plus large
Dans son analyse, Franklin Nyamsi inscrit l’incident dans un cadre régional et international plus large, évoquant les relations du Nigeria avec les puissances occidentales et son rôle au sein des dispositifs sécuritaires régionaux.
« On ne peut pas combattre le terrorisme en s’appuyant sur les puissances qui ont créé et financé les organisations terroristes », soutient-il.
Il avance également que, selon son interprétation, l’intervention nigériane visait à tester les capacités défensives de l’AES, dans un contexte de recomposition stratégique au Sahel.
Entre vigilance et souveraineté
En conclusion, Franklin Nyamsi appelle les opinions publiques sahéliennes à la vigilance, indépendamment des décisions diplomatiques qui pourraient être prises par les autorités.
« Quelles que soient les décisions prises, il ne faut pas abandonner notre capacité d’analyse », insiste-t-il.
Cette prise de position intervient alors que les questions du contrôle de l’espace aérien, de la coopération régionale et de la sécurité collective demeurent au cœur des tensions et des recompositions politiques en Afrique de l’Ouest.
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