La commission électorale tanzanienne a proclamé, ce samedi 1ᵉʳ novembre 2025, Samia Suluhu Hassan vainqueure de l’élection présidentielle avec près de 98 % des voix, dans un pays secoué par des manifestations meurtrières et des accusations de fraude massive.
Participation record, opposition écartée
Selon El País, la présidente sortante Samia Suluhu Hassan a remporté l’élection avec 97,6 % des suffrages, malgré de vastes protestations dans tout le pays. Les principaux opposants ont été écartés du scrutin : Tundu Lissu, du parti Chadema, est emprisonné et son parti politique a été interdit, tandis que Luhaga Mpina, du parti Wazalendo, a été disqualifié pour des raisons administratives.
La commission électorale affirme que la participation atteint 87 %, un chiffre jugé « incroyable ou directement faux » par de nombreux Tanzaniens, alors que les manifestations ont paralysé plusieurs villes et que l’accès à Internet est coupé depuis mercredi. L’opposition évoque un bilan d’au moins 700 morts, tandis que des sources hospitalières font état de plus de 150 décès rien qu’à Dar es-Salaam. De son côté, le ministre des Affaires étrangères minimise la situation et parle de « quelques foyers isolés d’incidents », rapporte le média espagnol.
Retour à l’autoritarisme et inquiétude internationale
L’annonce de cette victoire électorale intervient dans un climat où les critiques dénoncent un durcissement du pouvoir. Depuis plusieurs mois, la scène politique tanzanienne se referme : militants inquiétés, opposants portés disparus et limitation de l’espace d’expression publique. Samia Suluhu Hassan, qui avait suscité de l’optimisme en début de mandat en relâchant des figures politiques et en ouvrant la porte au dialogue, est désormais accusée d’avoir inversé cette dynamique.
Face à l’ampleur des violences rapportées après le scrutin, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, appelle les autorités tanzaniennes à garantir les libertés fondamentales et à faire la lumière sur les événements. L’opposition, elle, demande l’organisation de nouvelles élections encadrées par un organisme neutre. La situation pourrait placer le pays dans une impasse politique durable et éroder sa stabilité institutionnelle.
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