Les États-Unis accentuent leur pression économique, diplomatique et militaire sur le Venezuela. Officiellement, Washington affirme agir dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic. Toutefois, plusieurs analystes estiment que ces mesures pourraient également viser à préserver l’accès aux importantes réserves de pétrole du pays et à isoler le président Nicolás Maduro sur la scène internationale.
Pression économique et opérations secrètes de la CIA
La stratégie américaine répond avant tout à un enjeu énergétique majeur : le Venezuela possède, selon l’OPEP, les plus grandes réserves mondiales de pétrole prouvé, devant l’Arabie saoudite. Le 10 janvier 2025, Reuters révèle que Washington a imposé des sanctions à huit hauts responsables vénézuéliens et augmenté la récompense pour l’arrestation de Nicolás Maduro à 25 millions de dollars.
Dans la foulée, Donald Trump impose des droits de douane sur le pétrole vénézuélien et annule des licences permettant à Chevron et à d’autres partenaires de PDVSA de continuer à exporter du brut — avec obligation d’arrêter toute opération au 27 mai.
Parallèlement, Trump reconnaît avoir autorisé la CIA à mener des opérations secrètes sur le sol vénézuélien. Selon Euronews (16 octobre 2025), huit navires de guerre, un sous-marin et près de 10 000 soldats américains sont déjà positionnés dans les Caraïbes, après des frappes ayant fait 27 morts.
Changement de régime et bataille pour le contrôle du pétrole
Pour Washington, l’objectif dépasse les sanctions : il s’agit de provoquer un changement de régime afin de rouvrir l’industrie pétrolière aux compagnies américaines. Depuis 2019, les États-Unis soutiennent successivement Juan Guaidó puis María Corina Machado, présentée comme une alternative « démocratique ». Cette stratégie reproduit un schéma déjà observé en Irak (2003) et en Libye (2011) : sanctions économiques + isolement diplomatique + soutien à une figure d’opposition.
Dans Movimento Revista (27 octobre 2025), le sociologue Israel Dutra affirme que les États-Unis intensifient leur présence militaire autour du Venezuela : déploiement de soldats, de navires et d’avions, avec pour justification officielle la lutte contre le narcotrafic.
Pour Dutra, tout indique une stratégie d’encerclement. À l’image du précédent irakien et des « armes de destruction massive » jamais retrouvées, le discours sécuritaire servirait à masquer un objectif géopolitique : renverser Nicolás Maduro, contrôler les ressources pétrolières et affaiblir un pays allié des BRICS. La mise en avant de María Corina Machado — jusqu’à la présentation de sa candidature au prix Nobel — fonctionnerait comme un mécanisme de légitimation politique de l’opposition soutenue par Washington.
Face à ce projet perçu comme néocolonial, plusieurs forces progressistes latino-américaines appellent à une réponse régionale, notamment au Brésil. Selon elles, l’enjeu dépasse largement le Venezuela : une intervention militaire contre Caracas créerait un précédent dangereux pour l’ensemble du continent. Défendre la souveraineté vénézuélienne, affirment-elles, revient à défendre le principe de non-ingérence et le droit à l’autodétermination des peuples face aux ambitions géopolitiques des États-Unis.
Derrière les sanctions et le discours sur le narcotrafic, l’enjeu est clair : le contrôle des immenses réserves de pétrole du Venezuela. Selon plusieurs critiques, Washington cherche à affaiblir Maduro et à reprendre la main sur un secteur stratégique, tandis que Caracas s’appuie sur les BRICS pour défendre sa souveraineté énergétique. Le conflit dépasse la politique intérieure : c’est une bataille géopolitique pour le contrôle des ressources.
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