Créée il y a moins de trois ans, la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) s’impose comme un nouvel acteur politique et stratégique en Afrique. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont posé les fondations d’une souveraineté collective inédite, redéfinissant les rapports de force régionaux. Cette analyse s’interroge : la Confédération du Sahel constitue-t-elle une rupture réelle avec l’ancien ordre ou une étape vers une émancipation encore en construction ?
Une alliance sahélienne inédite et symbolique
Dans une analyse diffusée sur la RTB – Radiodiffusion Télévision du Burkina le 5 octobre 2025, le professeur Franklin Nyamsi présente la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) comme un tournant historique pour l’Afrique. En moins de trois ans, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont jeté les bases d’une souveraineté collective inédite, redéfinissant les rapports de force régionaux.
Selon lui, « le chemin parcouru par la Confédération de l’AES est remarquable » : les trois dirigeants, Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani, ont accompli en quelques années ce que bon nombre d’États africains n’ont pas réussi en plusieurs décennies, ouvrant ainsi le débat sur la portée politique et historique de cette révolution sahélienne.
Face à la menace d’une intervention militaire de la CÉDÉAO, soutenue par des puissances extérieures, les trois nations ont affirmé leur solidarité politique et militaire, déclarant qu’une attaque contre le Niger serait considérée comme une attaque contre le Burkina Faso et le Mali. Cette position commune marque, selon Nyamsi, un acte inédit de résistance africaine et un exemple concret de coopération souveraine entre États.
Des institutions communes pour une souveraineté partagée
Selon le professeur Franklin Nyamsi, les trois États sahéliens ont franchi plusieurs étapes décisives sur le plan institutionnel et symbolique :
a. La création d’une armée confédérale dont le commandement serait établi à Niamey, symbole d’une défense collective et coordonnée.
b. La création d’une Banque d’investissement commune, destinée à financer les projets de développement régionaux et considérée comme la première étape vers une future monnaie sahélienne.
c. La nationalisation des ressources stratégiques — uranium, or, énergie — afin d’en garantir une meilleure gestion et redistribution au profit des populations.
d. Le projet d’un Parlement confédéral, conçu pour incarner la représentation politique des peuples du Sahel et harmoniser les législations.
e. L’établissement d’une Cour régionale de justice, destinée à renforcer l’État de droit et à assurer la cohésion juridique entre les États membres.
Pour le professeur Franklin Nyamsi, la Confédération de l’AES constitue un cadre d’expérimentation inédit de la souveraineté africaine. Par ces institutions communes, les États du Sahel cherchent à transformer leur alliance sécuritaire en un véritable projet d’intégration politique, économique et sociale, capable d’inspirer d’autres régions du continent.
Une pédagogie de la souveraineté
Quelques mois avant cette analyse, Kemi Seba rappelait, lors d’une déclaration marquant les deux ans de la Confédération, que le projet de l’AES avait déjà accompli des progrès notables, mais devait encore approfondir son œuvre. Il soulignait que « beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à accomplir », insistant sur la nécessité, pour toute révolution, de cultiver « l’auto-amélioration et l’autocritique ».
Dans le prolongement de cette réflexion, Franklin Nyamsi a mis en avant l’importance de consolider les institutions nées de l’AES et de renforcer la cohésion entre ses membres. Ces deux voix traduisent une même conviction : celle d’une Afrique qui s’assume pleinement et construit, pas à pas, sa souveraineté historique.
Même si la route reste longue, les trois États du Sahel ont déjà engagé une transformation majeure. En deux ans, l’AES a franchi le pas entre la résistance et la reconstruction, faisant émerger une dynamique collective tournée vers l’action. Son avenir reposera sur sa capacité à demeurer fidèle à l’esprit d’indépendance et de responsabilité qui a inspiré sa création.
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