Le président Abdourahamane Tiani poursuit l’œuvre de refondation nationale. En initiant la réécriture de l’Histoire du Niger et en renommant des lieux symboliques, le pays assume pleinement sa rupture avec l’héritage colonial.
Un projet historique et décolonial
Le président Abdourahamane Tiani a reçu, le 18 octobre 2025, les membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et du Comité Ad Hoc chargé de l’écriture de l’Histoire du Niger, au Palais de la Présidence.
Cette initiative, amorcée dès 2024, vise à ancrer le pays dans une perspective panafricaine et décoloniale, en réhabilitant les grandes figures, les luttes et les savoirs endogènes du peuple nigérien.
La rencontre s’est tenue en présence du Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, du Dr Soumana Boubacar, du Pr Mamadou Saidou et du Pr Moumouni Farmo, illustrant la portée nationale et intellectuelle du projet.

Réécrire l’Histoire du Niger
L’idée de réécrire l’Histoire du Niger a été lancée par décret présidentiel le 1er novembre 2024, confiant la présidence du comité au Professeur Maikoréma Zakari, selon l’Agence Nigérienne de Presse (ANP).
Ce groupe de chercheurs et d’historiens émérites a reçu mandat de rédiger une Histoire générale du Niger libérée des schémas coloniaux, centrée sur les résistances, les savoirs et la continuité du peuple nigérien.
Cette démarche s’inscrit dans la dynamique de refondation nationale engagée depuis le mouvement révolutionnaire du 26 juillet 2023, fondée sur quatre priorités : la sécurité, la gouvernance, la souveraineté économique et la réforme éducative.
Une mémoire nationale réhabilitée
Dans la continuité de la politique de refondation nationale, le Niger avait déjà, le 15 octobre 2024, rebaptisé plusieurs lieux emblématiques de Niamey, effaçant les symboles coloniaux pour honorer ses héros nationaux.
Ces gestes, posés quelques semaines avant la création officielle du Comité de réécriture de l’Histoire du Niger (décret du 1er novembre 2024), traduisent une même volonté : reconstruire la mémoire nationale sur des bases africaines et souveraines.
L’avenue du Général-de-Gaulle est devenue avenue Djibo-Bakary, et la place de la Francophonie a pris le nom de place de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Lors de cette cérémonie, le gouverneur de Niamey, Assoumane Abdou Harouna, a déclaré que le colonisateur avait « dénaturé nos valeurs et notre civilisation », rappelant que la reconstruction identitaire du Niger devait s’appuyer sur ses racines historiques et culturelles, nous a rappelé Le Sahel.
Le monument aux morts a lui aussi changé de sens : rebaptisé Bubandey Batama — « À nos morts » en djerma —, il rend hommage aux victimes de la colonisation et des guerres récentes, signe d’une mémoire réappropriée.
Le centre culturel franco-nigérien est devenu Moustapha Alassane, et le portrait du commandant français Parfait-Louis Monteil a été remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara, symbole du panafricanisme.
Quelques mois plus tôt, en juin 2023, le Niger avait déjà remplacé son hymne « La Nigérienne », composé en 1961 par le Français Maurice Albert Thiriet, par « Pour l’honneur de la patrie », un chant exaltant la vaillance et la fierté des ancêtres — signe d’une volonté constante de réappropriation culturelle.
En multipliant ces gestes de réappropriation historique et culturelle, le Niger affirme désormais son indépendance intellectuelle et sa souveraineté symbolique. La réécriture de l’Histoire, tout comme la transformation des espaces publics, traduit une volonté claire : reconstruire le récit national à partir des réalités africaines et des valeurs héritées des ancêtres.
Cette démarche dépasse le simple cadre mémoriel, elle s’inscrit dans un projet politique plus vaste, celui d’un Sahel conscient de son passé, maître de son présent et acteur de son avenir.


