Dans une vidéo largement relayée sur YouTube et Facebook, Nathalie Yamb, activiste suisso-camerounaise suivie par plus de 2,5 millions d’abonnés, répond aux sanctions de l’Union européenne.
Elle dénonce une dérive autoritaire de l’Union européenne et voit dans cette sanction une tentative de réduire au silence les voix africaines.
Une sanction inédite et ciblée
Dans un discours fleuve, Nathalie Yamb a dénoncé les sanctions imposées à son encontre par l’Union européenne.
Accusée d’« activités déstabilisatrices » en lien avec la Russie, elle voit dans cette mesure une attaque politique contre sa liberté d’expression et son combat pour la souveraineté africaine.
Un cas qui soulève de nombreuses interrogations sur le droit, la démocratie et les relations euro-africaines.
L’Union européenne a inscrit Nathalie Yamb sur sa liste de sanctions liées au conflit russo-ukrainien.
Elle est la seule personne sanctionnée individuellement, sans être accompagnée d’autres entités ou individus. Cette singularité témoigne d’un ciblage politique assumé.
L’UE accuse Yamb de soutenir la Russie depuis 2019 et d’œuvrer à évincer la France et l’Occident du continent africain.
« Nathalie Yamb est une influençeuse sur les médias sociaux. Depuis le sommet de Sotchi auquel elle a assisté en 2019, Nathalie Yamb soutient ouvertement la Russie, adoptant le langage de Moscou et prenant notamment pour cible la France et l’Occident, dans le but de les évincer du continent africain », peut-on lire dans le Journal officiel de l’Union européenne.
Des positions jugées menaçantes pour la démocratie européenne selon le Journal officiel de l’UE. Pour l’activiste, ces accusations sont infondées, arbitraires et révélatrices d’une logique coloniale persistante.
Une atteinte à la liberté d’expression
Nathalie Yamb s’appuie sur l’article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE pour dénoncer l’illégalité de la sanction.
« Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières. »
Yamb rappelle que la liberté d’opinion et d’expression est censée s’appliquer à tous, sans distinction. Pourtant, dit-elle, « le droit à la parole semble réservé à l’homme blanc ».
La décision est perçue par de nombreux observateurs comme un précédent dangereux, susceptible d’être invoqué à l’avenir contre d’autres militants ou intellectuels critiques.
Elle invite également les gouvernements de l’AES à renforcer leur cadre légal pour protéger les voix dissidentes africaines face aux pressions extérieures.
Contrairement à ce que prétendent ses détracteurs, Yamb affirme ne parler au nom de personne d’autre que les Africains. Son combat pour la souveraineté ne serait pas dicté par Moscou, mais par une analyse critique du néocolonialisme occidental.
Malgré sa nationalité suisse et l’absence d’avoirs dans l’UE, Nathalie Yamb affirme subir une « peine de mort sociale et économique ».
Comptes bloqués, interdiction de vol, impossibilité de louer, payer ou travailler : elle décrit un véritable étranglement financier numérique, appliqué hors du territoire européen.
Vers une bataille judiciaire internationale
Au-delà de sa propre situation, Yamb voit dans cette offensive un signal envoyé aux autres militants africains.
Une tentative d’intimider toutes les voix critiques, même en Europe. Elle avertit : si cette logique devient la norme, toute personne exprimant une opinion divergente pourrait être ciblée à son tour.
Le cas Nathalie Yamb dépasse sa personne. Il interroge le rapport de l’Europe à la liberté d’expression, au pluralisme d’opinion, et aux dynamiques de domination postcoloniales.
En réponse, Yamb annonce une riposte juridique symbolique : « Les tribunaux seront un nouveau champ de bataille ».
Une lutte qui s’annonce longue, mais dont les répercussions pourraient redéfinir les contours de la liberté politique en Afrique et au-delà.
Sa vidéo devient non seulement une déclaration personnelle, mais un appel collectif à la vigilance et à la mobilisation face à un système qui ne tolère pas les voix dissonantes venues du Sud.
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